Haïkus et courts poèmes 2

Le son
De lui-même, le monde est sonore,
Et le vide à jamais silence.
Ce qui se lève au cœur du calme
Au cœur du calme se dissout.

          Wei Ying-Wou. 737 – 792

 

Ne te tourmente pas, ami, en vérité,
à propos de ce monde qui n’est que ruine.
Hier est passé, et l’avenir est en gésine.
Ignore ce qui est – et n’a jamais été.

          Khayyâm

 

Le Ciel m’a fourni l’occasion,
la Terre m’a offert le lieu ;
j’ai obtenu de quoi jouir des choses un instant.
Qu’irai-je chercher au-delà ?

          Bai Juyi

 

Nous savons que ce qui est né de nous
Ne cessera plus d’advenir,
En avant de nous, à notre insu,
Soudain nous dépasse, nous sauve.

          François Cheng

 

Quand elle fond,
La glace avec l’eau
Se raccommode.

          Teitoku. 1571 – 1653

 

Quand on pratique l’étude,
Chaque jour on accumule.
Quand on pratique la voie,
Chaque jour on en fait moins.

          Lao-Tseu

 

Le voleur
M’a tout emporté, sauf
La lune qui était à ma fenêtre.

          Ryokan. XVIIIème siècle

 

Sans cheveux ni coiffe, je ne possède non plus de refuge où fuir :
Ne me reste qu’à devenir cet homme dans le tableau,
Canne à pêche à la main, perdu parmi les roseaux mouillés,
Là où, sans limite, terre et ciel ne font plus qu’un.

          Shitao. XVIIème siècle