Kafka. Quelques aphorismes

Le vrai chemin passe par une corde qui n’est pas tendue en hauteur mais au ras du sol. Elle semble être là davantage pour faire trébucher que pour porter le pied.

Deux règles pour commencer ta vie : réduire toujours plus ton cercle et vérifier à chaque fois que tu n’es pas caché à l’extérieur de ton cercle.

Il y a pour les hommes deux péchés capitaux dont découlent tous les autres : impatience et négligence. L’impatience les a fait chasser du paradis, la négligence les empêche d’y revenir. Mais peut-être n’y a-t-il qu’un seul péché capital : l’impatience. L’impatience les a fait chasser du paradis, l’impatience les empêche d’y revenir.

L’homme ne peut pas vivre sans faire continuellement confiance à quelque chose d’indestructible en lui, et ce, même si ce quelque chose d’indestructible, tout comme la confiance, lui reste continuellement caché. L’un des modes d’expression de ce rester-caché est la croyance en un dieu personnel.

Le moment décisif de l’évolution de l’humanité est toujours l’instant présent. C’est pourquoi les mouvements intellectuels révolutionnaires sont en droit de faire table rase de ce qui les précède, car rien n’a jamais été.

Le fait qu’il n’y a pas d’autre monde que celui de l’esprit nous retire l’espoir et nous donne la certitude.

Passé un certain point il n’est plus de retour. C’est ce point qu’il faut atteindre.

Franz Kafka. Les aphorismes de Zuraü. Gallimard. 2010