La divine comédie

Quand j’étais à moitié du chemin de la vie,
La lumière à mes yeux tout-à-coup fut ravie,
Et je me retrouvai dans une âpre forêt
Où mon âme perdue et désolée errait ;
C’était une forêt obscure, épouvantable,
Et dire ici combien elle était redoutable
Serait chose pénible et si plein d’effroi,
Que la mort paraîtrait moins amère pour moi.
Pour parler d’un grand bien et d’une aide imprévue,
Je dirai quels dangers s’offrirent à ma vue ;
Je ne sais comment j’entrai dans ce grand bois,
Car sur mon sommeil pesait de tout son poids
A l’heure où je sortis de la route divine…

Dante. La divine comédie. L’Enfer. Traduction Antoni Deschamps. 1829