Amour essentiel
Dans ce nuage épais où mon esprit se plonge
Pour adorer les Trois au sein de l’unité,
Je ne pense entrevoir de cette Trinité
Que l’image d’un songe.
Je n’en vois rien du tout car voyant quelque chose
De Dieu, je verrai tout en ce ténébreux lieu,
Car en l’être éternel et divin tout est Dieu,
De tout être la cause.
Belle âme qui, pâmée en l’extase amoureuse,
T’imagine le voir au mystique trépas,
Un ange tu peux voir, de Dieu ne voyant pas
L’essence glorieuse.
Si tu voyais cet UN (qu’en ténèbres j’adore)
Tu verrais bien ce Trois qui règne en l’unité ;
Le Soleil éternel adore en vérité
Jusqu’au point de l’aurore.
La nuit étant passée, et cette aube nouvelle
Annonçant du Soleil le glorieux retour,
Au mystique Orient du céleste séjour
Alors Dieu se révèle.
Là tu vois le ternaire en l’essence première,
Et non plus dans la nuit de cette obscurité,
En ce corps tu vois l’ombre, au Ciel la vérité
Au jour de la lumière.
Contemple bien ces Trois au nuage mystique
En la nuit de la foi, dans ce funèbre lieu,
Afin de voir un jour face à face ton Dieu
Au verbe déifique.
Ferme les yeux du corps et de l’intelligence,
En aspirant sans cesse au céleste séjour,
Ouvrant l’œil de ton cœur regarde par amour
Cette parfaite essence.
Claude Hopil. Les divins élancements d’amour, Sébastien Huré, 1629
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