Prière de Kwhaja Mîr Dard

A la recherche du Bien Aimé

Si je ne Te voyais ici dans toute Ta majesté
Qu’importerait-il que je voie le monde ou ne le voie pas ?

Dans Tes multiples formes Tu n’es qu’un :
Je n’ai trouvé personne qui fût comme Toi.

La peine et la souffrance, le chagrin, la douleur et le blâme,
je les ai connus dans mon amour pour Toi, et leur blessure.

J’ai éprouvé mainte peine, amour, de Ton indifférence,
mais Tu n’as même pas jeté un regard sur moi.

J’étais moi-même le voile sur le visage de mon Bien Aimé,
mais je vis qu’il n’y avait pas de voile entre moi et Toi.

Nuit et jour, ô Dard, je cherche Celui
que nul en ce monde ne trouva ni ne vit.

Tant que durera ma vie,
Je serai à Ta recherche ;
aussi longtemps que durera ma vie,
ce sera là ma prière.

Dieu seul connaît la fin
qui m’est réservée :
le Bien Aimé est plein de passion
et moi si rempli d’impatience.

A Ton cœur seul, amour,
mon âme aspire ;
et tout ce que je souhaite, Bien Aimé,
c’est Ton désir.

Où mon cœur, ô Dard,
a-t-il jeté son regard ?
Quoi que je contemple,
Je ne vois nul autre que Toi.

Kwhaja Mîr Dard. Anthologie du soufisme. De Vitray Meyerovitch. Acte Sud. 1978