Keats. Ô toi dont la face

Ô toi dont la face a senti le vent de l’Hiver,
Dont les yeux ont vu les nuages de neige suspendus dans la brume
Et les faîtes des ormes noirs au milieu de la froide lueur des étoiles !
Pour toi le Printemps sera un temps de moissons.
Toi dont le seul livre a été de lumière
De l’obscurité suprême, dont tu t’es repu
Nuit après nuit, lorsque Phébus était au loin !
Pour toi le Printemps sera un triple matin.
Oh ! ne t’épuise pas en courant après la science ! Je ne sais rien,
Et pourtant mes chants jaillissent naturellement avec la chaleur.
Oh ! ne t’épuise pas en courant après la science ! Je ne sais rien,
Et pourtant le soir écoute. Qui s’attriste
A la pensée de la paresse ne peut être paresseux,
Et celui-là est éveillé qui pense qu’il est endormi.

John Keats. Poèmes et poésies. Poésie Gallimard. 2022