Corbin. L’homme et son ange
Il y a en effet une devise qui est inlassablement répétée par tous nos Sages, une devise qui récapitule tout le thème de la quête, cette quête dans laquelle sont engagés tous ces javânmardân, tous ces chevaliers théosophes et mystiques. C’est cette devise : « Celui qui se connaît soi-même, connaît son Seigneur. » Elle comporte une variante typique : « Celui qui connaît son Imâm, connaît son Seigneur. » Dès lors, l’Imâm prend la place du Soi. l’Imâm devient la figure, le symbole par excellence du Soi, mais non d’un Soi abstrait, impersonnel ou collectif, mais du Moi céleste, Moi à la seconde personne. Ce Moi qui est contrepartie céleste du moi terrestre est connu de toutes les gnoses. Dans la gnose manichéenne il est désigné comme le « Jumeau céleste ». En bref nous pouvons dire l’ »Ange » ou, en termes zoroastriens, le Fravarti. Et c’est la quête à la rencontre de ce Moi céleste que décrivent les vastes épopées mystiques.
Henri Corbin. L’homme et son ange. Fayard. 1983
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