Exercice de louange

Enfance du jardin endormi sous la neige
Nécessité de perdre, office des ténèbres
Louanges au temps perdu quand il métamorphose
La vie en ce jardin et son poème en moi.
Nuages, vents, naufrages, océans créateurs
De mythes, de rythmes, de nuées
Toute chose est louange, un instant, en ce lieu.
Longues flèches d’amour des grandes profondeurs
Louange à vous racines, dont je suis radicelle.
Nous sommes un peuple souterrain
Le vrai ciel est trop vaste pour être vu par nous
Et sa lumière filtre du très grand arbre
Qui perce plusieurs ciels en grandissant sans fin.
Tout ce que nous aimons
N’est que germe ou fragment de l’acte de louange.
Verbe qui dit l’indifférence superbe de l’Histoire
Tout ce qui doit surgir naît indomptablement
Louange à l’herbe, aux champs, au béton humilié
Et à tous ceux qui plantent ce que l’on voit à peine
Louange à l’art des cavernes
Louange à l’artisan
Je ne connais pas d’art profane
Tout est sacré.

Henry Bauchau. tentatives de louange. Acte Sud. 2011