Kubler-Ross. Voilà la leçon

Voilà la leçon que je devais apprendre. Il fallait que je fasse l’expérience de mille morts pour connaître la joie indicible de l’après-vie.
Soudain j’ai compris que je sortirai de cette épreuve grâce à la foi.
La foi en Dieu, car il ne nous est donné que ce que nous pouvons supporter.
La foi en moi-même, car j’avais compris que je pouvais supporter tout ce qu’il m’envoyait. Si douloureux et éprouvant que ce fût, je pourrais le mener à bonne fin.
J’ai eu la très nette impression que l’on attendait de moi que je dise quelque chose, que je prononce le mot « oui ».
Un flot de pensées me traversa l’esprit.
Devais-je dire « oui » à davantage d’angoisse, de douleurs, de souffrances sans que quiconque me vienne en aide ?
Quelle que soit la nature de ce qui m’attendait, cela ne pouvait être pire que ce que j’avais d’ores et déjà enduré. Et n’étais-je pas toujours vivante ? Que pouvait-il m’arriver ? Cent morts de plus ? Mille ?
Peu m’importait. Tôt ou tard, cette épreuve s’achèverait. En outre, à ce moment-là, la douleur était si intense que je ne pouvais plus la ressentir. Je me trouvais au-delà de la souffrance.
« Oui, ai-je crié. OUI ! »

Elisabeth Kubler-Ross. Mémoires de vie, mémoires d’éternité. Pocket. 1999