D’un confinement l’autre

« Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé ». Albert Einstein.

Ce temps de réclusion involontaire avec assignation à résidence m’aura servi à mieux comprendre le monde dans lequel je croyais vivre, libre.
Saoulé par des médias conformistes, bombardé de chiffres et abruti de spécialistes, j’ai vu que mes opinions reflétaient surtout une peur naturelle de la perte des siens et de soi.
Puis, après l’effet de cette sidération, j’ai commencé à décortiquer la presse et ce qu’on appelle « les informations ». Et j’ai réalisé qu’il fallait choisir son camp. J’avais fait l’autruche sans le vouloir, j’étais un mouton  sans le savoir.
Revenons-en d’abord aux faits, vérifiables et contextualisés et découvrons tous les conflits d’intérêts à peine masqués.
En effet, à l’heure d’internet et de son inépuisable source de renseignements, il était devenu possible de s’instruire autrement. Il suffit de lire l’enquête « Médias français, qui possède quoi ? » (Le Monde diplomatique, novembre 2019) pour s’en convaincre.
La pilule (bleu ou rouge de Matrix) était inconfortable et anxiogène à avaler, certes, mais c’était le prix à payer de la lucidité.

Le virus n’est pas « COVID de sens » car il nous dévoile nos croyances et nos peurs bien au delà des politiques qui veulent gouverner (exercer un pouvoir sur nos vies) et de la science qui veut nous contrôler (par son savoir qui sait peu de choses). Beaucoup parlent avec aplomb, peu ont en tête les malades et les victimes.
Et qu’en sera-t-il de cette récession économique aux drames humains prévisibles ?

Je ne suis qu’un citoyen lambda parmi d’autres. Le capitalisme que nous connaissons depuis le XIXème siècle mène la danse. « On achève bien les chevaux » des classes populaires !
N’oublions pas que moi, les autres, l’humanité, sommes inclus dans une dynamique temporelle : naissance du soleil il y a 4,5 milliards d’années et apparition de l’homme il y a seulement 100000 ans. Et certains de ces hommes par leur extrême … arrogance cherchent à dominer le monde et leurs congénères.
« L’homme est un loup pour l’homme » Hobbes, philosophe du XVIIème siècle.

Le siècle des Lumières, après la Renaissance, apportait le triomphe de la raison sur les croyances et l’ascension de la grande bourgeoisie sur la noblesse pour finir au XVIIIème siècle par la déclaration d’indépendance des États Unis et la Révolution française.
Où en sommes-nous ?

A l’humanisme des Lumières succède le corporatisme des ploutocrates. Pourquoi y a t il beaucoup moins de mortalité dans les pays du tiers-monde qu’en Occident ? Pourquoi les médecins n’ont plus la liberté de soigner ? La Vème République serait elle plus curative que le serment d’Hippocrate ?
Les lois qui protégeaient les citoyens d’avant sont devenues les armes qui le manipulent.
Aujourd’hui, je peux dire ce que je pense, mais demain ?
Il y a plus de deux siècles, on coupait des têtes, aujourd’hui on coupe la parole. Mauvais signe ….

Finalement le monde d’après est déjà commencé :
L’homme s”est trouvé de nouveaux guides (GAFAM, labos, banques centrales…) et de nouveaux Dieux (la science, les élections, l’écologie, la consommation…). N’ignorons pas l’appétence humaine à se trouver un guide qui pense à sa place. Tout cela pour nous faire oublier notre condition de mortel car que rapporte un mort au consumérisme généralisé tout azimut ? Pas d’argent en tout cas.
Et je crains une autre forme d’asservissement de la pensée qui consisterait à faire croire que certains auraient une vérité et qu’il faille tous nous y convertir, du moins, nous y conformer. Chercher des certitudes dans un monde incertain, impossible, parce que le  propre du vivant, c’est le changement.
Le rêve du « riche » est de prendre son billet pour la lune (je n’ai as eu de place !) Mais à l’humanité entière, après les besoins primordiaux (santé, nourriture, habitat, écoles…) quand ils sont satisfaits, il reste l’imaginaire, les dieux, et les relations interpersonnelles.

Quelque soit la nouvelle société humaine dans laquelle nous vivrons, et à laquelle, volontairement ou passivement, nous contribuerons, je fais le vœu que notre humanisme dans ses valeurs d’honnêteté, de bienveillance et d’esprit critique soit l’armature qui nous conduise, sains et saufs vers un monde meilleur (et non pas vers le « meilleur des mondes »).
« Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Maréchal Foch.
Je fais partie d’une génération qui n’a pas vécu de guerres. Pourtant je me demande si ce que nous vivons actuellement ne s’y apparente, hélas, pas ?

Je crains que la génération en cours  n’ait plus vraiment de choix. Ils seront nanopucés, formatés aux réseaux « asociaux », intoxiqués à l’agrochimie et gavés de séries télé.
Orwell s’est trompé… mais que de date, il avait eu 36 ans d’avance !
« Science sans conscience, n’est que ruine de l’âme » disait Rabelais et politique sans éthique n’est que la mort de l’Homme.

Dormez braves gens, vous êtes libres si tant est que votre regard n’atteigne pas les barbelés de la bienpensance. « The Truman show » peut commencer, les gladiateurs que nous sommes attendront-ils sans réagir d’être bouffés par les lions du profit ?
Carpe diem, aujourd’hui dimanche, c’est relâche.
Puisque la mort est notre destin, tâchons de mourir moins con-finement !

Patrick Giles