Packer. La question silencieuse

C’est la chose incroyable à propos des différents états du corps-esprit : Ils passent. Ils vont, ils viennent. Certains persistent plus longtemps, mais ils changeront à un moment ou à un autre. L’art de vivre consiste à ne pas en faire d’histoires, car les histoires durent plus longtemps que les états qu’elles décrivent. Beaucoup plus longtemps. Parfois des siècles.

Les gens affirment souvent ce que nous lisons dans les textes traditionnels de l’Orient : « Je ne suis pas mon corps. » « Vous n’êtes pas votre corps ! » Il peut être utile d’utiliser ces mots comme un mantra qu’il vaut la peine de se répéter lorsque l’on s’identifie profondément avec « mon » corps qui souffre et que l’on s’inquiète terriblement pour celui-ci. Il peut être utile de remplacer des phrases usées et déprimantes par des mots nouveaux.

Est-ce que cela soulage d’entendre, « Vous n’êtes pas votre corps » ? Jusqu’à un certain point, oui. Mais cela ne mènera pas très loin étant donné qu’il y aura toujours une voix qui répondra immédiatement, « J’ai l’impression que je suis mon corps ! Ce sont « mes » pieds qui sont douloureux, pas les vôtres. J’ai définitivement le sentiment que je suis le propriétaire de ce corps, personne d’autre. »

Alors, que voulons-nous dire par ce « je, » et qu’en est-il de la question de propriété ? Sommes-nous prêts à enquêter plus profondément sur la question ? Observer l’état d’esprit, l’effet des mots sur l’organisme quand nous disons, « j’ai mal, » « c’est mon corps, » « tu me fais mal, » ou lorsque (délibérément au départ) nous laissons tomber ces mots puissants et décrivons simplement ce qui se passe ? Tel que « pour l’instant, la douleur est dans les pieds » ou « cela me fait vraiment mal quand tu dis des choses comme ça. »

Nous pouvons sagement admonester les autres et nous-mêmes : « Ne vous identifiez pas à votre corps. » Mais qu’est-ce que cela signifie ? Essayez de ne pas rester au niveau superficiel des mots, mais demandez-vous quelle est la réalité qu’ils veulent faire ressortir afin que nous puissions nous comprendre plus profondément les uns les autres. Ne vous contentez pas d’accepter ce que Toni est en train de dire. Remettez-le en question. Nous pouvons nous poser la question ensemble.

Toni Packer. The Silent Question. Shambhala. 2007