Fra Angelico. Salutations

Je te salue.

Je suis ton ami et mon amour pour toi est profond.
Il n’y a rien que je puisse te donner que tu n’aies déjà ; mais bien que je ne puisse te donner plus, tu peux prendre beaucoup…
Le ciel ne peut venir à nous à moins que nos cœurs trouvent repos dans l’aujourd’hui.
Prends le ciel !
Il n’y a aucune paix promise dans le futur qui ne soit cachée dans ce petit instant présent.
Prends la paix !
La tristesse du monde n’est qu’une ombre. Derrière elle, pourtant facilement atteignable, se trouve la joie. Si nous pouvions voir, nous verrions la gloire et la lumière dans les ténèbres ; or, pour voir, nous n’avons qu’à regarder.
Je te conjure de regarder.
La vie donne si généreusement, mais comme nous jugeons ses dons en fonction de ce qui les recouvre, nous les rejetons car nous les trouvons laids, lourds ou difficiles. Enlève ce qui les recouvre et tu trouveras dessous une vivante splendeur, tissée d’amour, de sagesse et de puissance.
Accueille-là, saisis-là et tu toucheras la main de l’ange qui te l’apporte. Dans tout ce qui nous nommons épreuves, chagrin ou sacrifice, crois-moi, la main de cet ange est là ; le don est là, avec la merveille d’une Présence qui veille sur nous.

De même pour nos joies : ne te satisfait pas d’elles seulement en tant que joies. Elles aussi dissimulent des dons plus divins.
La vie est si pleine de sens et de raison d’être, si pleine de beauté sous ce qui la recouvre, que tu trouveras que la terre ne fait que dissimuler ton ciel.
Alors aie du courage pour le réclamer ; c’est tout !
Mais de courage tu ne manques pas, et tu sais aussi qu’ensemble nous sommes pèlerins et que tout en parcourant une contrée inconnue nous retournerons chez nous.
Aussi, maintenant, je te salue. Pas tout à fait comme le fait le monde, mais avec une profonde estime et avec la prière que pour toi maintenant et pour toujours, le jour se lève et que l’ombre se dissipe.

Fra Angelico Écrit en 1513 (trad. de l’anglais par M-R Wainhouse)