Sagesse de Sulivan

  • L’écriture nous aura servi à cela : à pousser le cri primal (Janov) et à créer un modeste espace où respirer.
  • Je suis reconnaissant à qui m’aime de m’aider à me sentir bien dans la solitude. Ceci est ambigu. C’est grâce à la présence-absence attentive de qui m’aime que la solitude m’est précieuse.
  • Pour trouver ce que vous vouliez m’enseigner il m’a fallu me détourner de vous.
  • J’appelle âme, cela en nous qui permet les sensations fines et perçoit l’invisible dans le sensible.
  • Se connaître c’est s’affranchir du moi.
  • C’est dans l’état de grâce, en plein accord avec soi, avec cela qui nous crée, que l’on communique avec autrui.
  • Trouver son bonheur dans son propre fonds, à travers toutes les circonstances, voilà la réussite, l’accord avec cela que les uns appellent Dieu, d’autres l’énergie spirituelle. Dans cette attitude s’enracine la prière.
  • Ne craignez pas pour ceux que vous laissez. Votre mort en les blessant va les mettre au monde.
  • Le choc de l’entièrement inconnu.
  • Gardez je vous en conjure, vos dépressions, petites névroses, laissez-vous faire par elles, suivez votre chemin.
  • Dieu où, quand pourrait-il être sinon dans l’instant ? Commencement absolu.
  • Si tu accèdes aux « profondeurs » de toi, tu trouves tout sauf toi. Tu t’expulse. Là est ta vérité.
  • Réussir sa vie. Quelle prétention illusoire. Etre présent à soi. Vivre non pour Organiser son existence dès que possible, en fonction de la présence aux instants c’est-à-dire de la vie intérieure.
  • Je n’ai encore jamais écrit. Toute une vie j’aurai attendu. Si quelqu’un ne comprend pas, il ne sait ce qu’est l’écriture.
  • Etre à la fois mystique et sceptique rend tout difficile. Les uns vous prennent pour un idéaliste illuminé, d’autres pour un esprit négatif… Un petit nombre perçoit la source unique.
  • Entrer dans le rayonnement de l’être…
  • Chacun veut croire qu’il y a le présent, le passé et l’avenir, que la mort et l’éternité sont au bout. Il y a l’instant ; le passé, le futur, la mort et l’éternité sont dedans.
  • Laisser dormir le mental. Refuser tout ce qui tend à englober. Faire confiance à l’obscur. N’écrire que ce qui émerge.
  • Il n’y a connaissance que si l’on quitte la relation sujet-objet pour être un
  • Qu’un moment de plénitude survienne, ne vous l’attribuez pas. Vous n’y êtes pour presque rien, malgré vos industries. Très tôt vous allez vous en apercevoir. Cela se passe dans l’impersonnel. Lâchez prise, absentez-vous : la joie est toujours là.
  • Votre erreur est de trop chercher à comprendre. Laissez se comprendre. Peut-être saurez-vous qu’il n’y a pas à comprendre.
  • Prendre et refuser de prendre sont issus du même fond. Il existe une présence-absence au désir dans la connaissance spontanée que l’objet du désir est un leurre.
  • En réalité le retard à la guérison n’est dû qu’à la présence du médecin.
  • S’effacer plutôt que paraître. C’est parfaitement idiot. Paraître ou non est sans importance.
  • Ne pas trop s’inquiéter de la mort : elle ne dure qu’une seconde, la première.
  • N’est réel que ce qui est intérieur.

Jean Sulivan. L’écart et l’alliance. Gallimard. 1981