Cyrulnik. La nuit résiliente
Donner sens à une épreuve même tragique, c’est mettre dans son âme une étoile du berger qui indique la direction. Il faut alors marcher, rêver, réfléchir et rencontrer ceux qui nous aident à élaborer. Rabelais disait « élabourer », renforçant ainsi la métaphore du paysan qui pense en posant les pieds par terre. Quand il travaille à se représenter un événement passé, le cultivateur se met à la peine. En s’efforçant d’exercer son esprit, il muscle son cerveau. En rencontrant quelqu’un pour échanger quelques mots, il lui donne le pouvoir de devenir un tuteur de résilience. L’élaboration poétique, psychologique ou scientifique donne ainsi une forme acceptable à ce qui était intolérable. Le lent travail intellectuel, émotionnel et relationnel transforme une panique incompréhensible en plaisir de comprendre.
Boris Cyrulnik. La nuit j’écrirai des soleils. Odile Jacob. 2019
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