Keshavjee. Une histoire de bouffon

J’avais toujours considéré que la mort, comme le malheur et la maladie, c’était de la « M ». Un de mes collègues Bouffons d’un autre pays m’avait d’ailleurs fait parvenir ce résumé fulgurant des religions :

L’hindouisme :
Cette « M » est déjà arrivée dans une vie antérieure ;

L’hindouisme mystique :
Quand tu es dans la « M », chante OM ;

Le bouddhisme :
Quand la « M » arrive, est-ce vraiment de la « M »;

Le bouddhisme zen :
Quel son fait la « M » quand elle arrive ?

Le bouddhisme du grand véhicule :
Aiment ceux qui sont dans la « M »;

Le judaïsme :
Pourquoi la « M » m’arrive-t-elle toujours à moi ?

Le judaïsme religieux :
Plus la « M » m’arrive, plus je m’arrime à ma loi ;

Le judaïsme areligieux :
Plus la « M » m’arrive, plus ma loi ne rime à rien ;

Le christianisme :
Là où la « M » abonde, la paix de l’âme surabonde ;

Le christianisme protestant :
La « M » ne m’arrivera pas si je travaille davantage ;

Le christianisme catholique :
Si la « M » m’arrive, c’est que je l’ai méritée ;

Le christianisme orthodoxe :
La « M » arrive partout, sauf dans la sainte liturgie ;

Le christianisme des sectes :
Toc, toc. La « M » arrive ;

L’islam :
Accepte tout ce qui t’arrive, même la « M »;

L’islam violent :
Si la « M » t’arrive, emmène un otage ;

L’islam des poètes :
Quand tu es dans la «M», ô ! Homme, ne la hume pas.

Shafique Keshavjee. Le Roi, le Sage et le Bouffon. Seuil. 2000