M. B. Auprès du vrai maître

Autour de l’Ami
Spontanément s’allume
Comme étoiles dans la nuit
          De chacun
Le destin d’infini.

Tirées de leur chaos
Aspirations du cœur ou quête de l’esprit        
S’orientent et s’unifient.

Mais sa grandeur se dérobe aux regards
Car son agir n’est point un geste
Son efficience se rit de sa parole
Son don diffuse
          Au plus intime de notre mystère.
Il est toute douceur
Toute humilité, tout effacement
Tout humour.
Si légère, si gaie, si pure
Est sa présence
Que rien plus.
          Une transparence.
Dans ce cristal, celui qui sait voir reconnaît
La vérité du monde :
Le Paradis non perdu
Dont, à coup sûr, il détient le secret.
Or, déjà, sous son poids sans poids
De guru
          Nos pierres ont toutes volé en éclats.
Et voici qu’il descend en nous, tantôt sans bruit,
Tantôt dans l’ébranlement de l’être,
Qu’il atteint et révèle,
Si loin, si profond,
          Notre fond ignoré, caché, captif
Où il libère
L’amour et la lumière,
Où plus tard il délivrera
          Notre liberté même.

Longtemps, longtemps,
Inlassablement,
Il infuse en nous l’ambroisie,
          Que nous mêlons à nos poisons.

Bientôt, tout se concerte, tout se ligue,
Nuits et félicités, illuminations ou malheurs,
          Grandes et petites choses
Pour qu’il ne nous reste plus, enfin, d’autre issue
          Que la porte haute :
La douceur et l’humilité, l’effacement
          Et l’amour
          – En  l’Un.

M.B. Revue Hermès, Le maître spirituel, Les Deux Océans, 1983