Rumi. Écoute le roseau

Ecoute le roseau, sa plainte
nous parle de séparation.
Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie,
mon souffle fait gémir les hommes,
je veux un cœur déchiré par l’exil
pour lui conter la douleur du désir.
Tous ceux qui ont rompu les liens originels
sont en quête de l’instant de la réunion.
J’ai gémi dans biens des sociétés,
compagnon des heureux et des misérables.
Chacun s’est cru mon ami, mais dans mon cœur
nul n’a cherché mon secret.
Mon secret n’est pas loin de mon gémissement ;
C’est ma clarté invisible à l’œil.
Il est comme l’âme que personne ne voit,
mais l’âme et le corps ne sont pas cachés l’un à l’autre.
C’est du feu, non du vent, le son du roseau,
que s’anéantisse tout ce qui n’est pas possédé de ce feu.
C’est le feu de l’amour qui brûle dans le roseau,
c’est le bouillonnement de l’amour qui palpite dans le vin.

Rumi. Mathnawi. La quête de l’absolu. Editions du Rocher. 1990