Mon cœur repose

L’Esprit se dévêt de sa nudité :
surgit le monde !
Le Verbe vibre et se réveille et se révèle
abreuvant le vent de vie,
enseignant son frémir à l’herbe.

De leurs lianes les regards
enserrent les objets, les formes.
Les lèvres tendent des baisers.
Les éclairs de la vue bondissent vers les choses ;
et ce grand souffle sur la mer,
et les brises d’un soir agacées de jets d’eau,
et les glaciers, éclats de rire du cristal,
et les arbres gorgés d’extase jusqu’en haut,
et la nuit déroulant aux pieds de l’espérance
un infini d’étoiles,
l’ombre innombrable encor mêlée
aux biches de l’aurore,
tout s’évertue à ta présence et s’y enrôle,
s’exclame de splendeurs à ton infinité ;
tout frissonne au suspens d’un vide, d’une pause,
et se reconnaît tien sous ta main qui se pose.
Le monde aux flancs de ta gloire boit l’unité.

Mon cœur repose au creux du roc de ta parole.

Jean Biès