Un autre évangile
Car Jésus se laisse, bel et bien, « toucher », dans tous les sens du mot, par tous les ulcérés du corps et du cœur, par tous les « intouchables » qui lui font cortège depuis qu’il a dit : « Venez à moi, vous tous qu’écrase le fardeau… » (qui n’a jamais perdu pied ne sait pas ce que c’est que de tendre la main). Jésus déchire, par avance, le « rideau du Temple » avec tout ce qui prétendait « protéger Dieu de l’impure communion des hommes ».
Dieu a des « entrailles » d’infinie compassion et d’inépuisable miséricorde : la « cour des miracles » est aussi l’espace de sa gloire. On accède à Lui sans aucun préalable, hormis celui d’un cœur pauvre, dépourvu de toute suffisance, habité seulement d’une éperdue confiance. Les vertus et les rites ne sont ici d’aucun secours, car Dieu ne s’obtient pas ; il se donne, à la mesure – et au-delà – de la béance que la vie creuse en nous, de l’imprévu et de la déroute qui nous acheminent au seuil des vrais consentements.
Paul Baudiquey. Un évangile selon Rembrandt. Mame. 1989
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