Masui. Cheminements intérieurs

Il existe en moi des processus intérieurs dont je ne suis pas maître et qui suivent un rythme ou des règles secrètes qui leur sont imprimés soit par le corps et ses opérations, soit par un agent extérieur, soit par les deux. Toujours est-il qu’il y a des moments d’arrêt, d’attente sans participation à l’Essentiel où ne demeure qu’un souvenir, tandis qu’il est des périodes de remise en mouvement où il se manifeste directement à moi. Le contact direct est alors établi et du coup tout mon organisme, le psychique  comme le physique, « repart » dans une harmonie heureuse et créatrice. A nouveau tout lui est donné dans une lumière immédiatement perceptible – en attendant une autre période où l’être ne vivra que par la mémoire. Je suis convaincu que dans les périodes atones, certaines substances (à moins qu’il ne s’agisse d’une fatigue particulière qui ne permet pas de demeurer ouvert à l’Essentiel ?) chimiques pourraient nous aider à retrouver l’état complet à moins qu’une rencontre avec un objet, un livre, un être, un voyage et l’amour surtout ne nous « secoue » et nous restitue à cet état où l’Essentiel nous travers et nous guide.

Jacques Masui. Cheminements. Fayard. 1978