Milosz. Solitude

Je me suis réveillé sous l’azur de l’absence 
Dans l’immense midi de la mélancolie.
L’ortie des murs croulants boit le soleil des morts. 
     Silence.

Où m’avez-vous conduit, Mère aveugle, ô ma vie ? 
Dans quel enfer du souvenir où l’herbe pense, 
Où l’océan des temps cherche à tâtons ses bords ?
     Silence.

Écho du précipice, appelle-moi ! Démence, 
Trempe tes jaunes fleurs dans la source où je bois,
Mais que les jours passés se détachent de moi ! 
     Silence.

Vous qui m’avez créé, vous qui m’avez frappé,
Vous vers qui l’aloès, cœur des gouffres, s’élance,
Père ! à vos pieds meurtris trouverai-je la paix ?
     Silence.

Milosz. La Berline arrêtée dans la nuit. Poésie Gallimard. 2017