Humbert. La dimension d’aimer

Je voudrais en conclusion formuler simplement trois idées. La première c’est qu’on est amené à être soi-même parce que c’est la condition pour que, semble-t-il, les énergies qui nous dépassent s’incarnent quelque part et ne restent pas liées à des métaphores. La deuxième c’est une phrase de Jung qui m’avait beaucoup frappé et que j’ai mis des années à comprendre (il l’a écrite vers la fin de sa vie) : « Le moi est un quis, le soi est un quid. » Ce sont deux expressions latines qu’on pourrait traduire comme ceci : le moi répond à la question qui, le soi répond à la question quoi. Or c’est tout à fait étonnant parce que le soi qui est ce que nous aurions de plus personnel, ce que nous sommes le plus et qui est nous-mêmes comme centre inconscient, n’est pas un qui, c’est un quoi, c’est-à-dire un neutre, un anonyme à la limite. C’est assez curieux. C’est curieux mais c’est vrai, ça correspond bien. Et, la troisième idée, c’est ce que me disait un analysant il n’y a pas longtemps – c’est un homme qui a cinquante ans et qui a beaucoup cherché dans sa vie – : « Au fond, pendant des années, je me suis dit : qui es-tu? Aujourd’hui, avec le travail que nous avons fait, je me rends compte à la fois que ça n’a pas de réponse et que ça ne m’intéresse pas, mais ce que je me demande c’est : où es-tu ? » Essayez d’y penser.

Elie Humbert. La dimension d’aimer. Cahiers jungiens. 2007