Lin Yutang. L’importance de vivre
On doit être capable de sentir la beauté des rythmes de la vie, comme on le fait pour les grandes symphonies, ses thèmes principaux, ses points de conflit et la résolution finale. Les mouvements de ces cycles sont très semblables dans une vie normale, mais la musique doit être alimentée par l’individu lui-même. Dans certaines âmes, les notes discordantes deviennent de plus en plus fortes et finissent par écraser ou submerger la mélodie principale. Parfois elles prennent un tel pouvoir que la musique ne peut plus continuer et que l’individu se tue avec un pistolet ou saute dans une rivière. Mais c’est parce que le leitmotiv originel a été désespérément éclipsé par le manque d’une bonne éducation de soi-même. Normalement la vie humaine s’achève dans une sorte de mouvement, de procession pleine de dignité. Il y a parfois, dans nombres d’entre nous, trop de staccato ou d’impetuoso, et parce que le tempo est faux, la musique n’est pas agréable à entendre ; nous devrions avoir un peu plus du grand rythme et du tempo majestueux du Gange, coulant lentement et éternellement vers la mer.
Lin Yutang. L’importance de vivre. Picquier. 2007
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