Prière d’Alfred de Musset
Ô Toi que nul n’a pu connaître
Et n’a renié sans mentir,
Réponds-moi,-Toi qui m’as fait naître,
Et demain me feras mourir !
Puisque Tu te laisses comprendre,
Pourquoi fais-Tu douter de toi ?
Quel triste plaisir peux-Tu prendre
À tenter notre bonne foi ?
Dès que l’homme lève la tête,
Il croit T’entrevoir dans les cieux.
La création, sa conquête,
N’est qu’un vaste temple à ses yeux.
Dès qu’il redescend en lui-même,
Il T’y trouve, Tu vis en lui.
S’il souffre, s’il pleure, s’il aime,
C’est son Dieu qui le veut ainsi.
De la plus noble intelligence,
La plus sublime ambition
Est de prouver Ton existence,
Et de faire épeler Ton nom.
De quelque façon qu’on T’appelle,
Brahma, Jupiter ou Jésus,
Vérité, justice éternelle,
Vers Toi tous les bras sont tendus.
Alfred de Musset, « L’espoir en Dieu ». Poésies complètes. Le Livre de poche. 2006
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