Oliver Mary. Le voyage
Un jour tu as finalement su
ce que tu avais à faire, et tu t’y es mise,
alors que les voix autour de toi
hurlaient sans cesse
leurs funestes conseils –
alors que la maison entière
s’était mise à trembler
et que tu sentais les vieux fers
à tes chevilles.
« Répare ma Vie ! »
criait chaque voix.
Mais tu ne t’es pas arrêtée.
Tu savais ce que tu avais à faire,
alors que le vent,
de ses doigts raides,
fouillait les fondations mêmes –
alors que leur mélancolie
était atroce.
Il était déjà assez tard,
la nuit tempêtait,
et la route était jonchée de branches
tombées et de pierres.
Mais petit à petit,
comme tu laissais les voix derrière toi,
les étoiles se sont mises à briller
à travers le manteau de nuages,
et une voix nouvelle,
que tu as lentement reconnue
comme la tienne,
t’as tenu compagnie
tandis qu’à grands pas
tu pénétrais de plus en plus profondément
le monde,
déterminée à faire
la seule chose que tu pouvais faire,
déterminée à sauver
la seule vie que tu pouvais sauver.
Mary Oliver
Commentaires récents