Terzani. Le grand voyage

Le vrai désir, si on veut n’en choisir qu’un, c’est celui d’être soi-même. La seule chose qu’un homme puisse désirer, c’est de ne plus avoir de choix, parce que le vrai choix n’est pas de choisir entre deux dentifrices, entre deux femmes, entre deux voitures. Le vrai choix, c’est de choisir d’être soi-même. Avec l’habitude et l’entraînement, si on y réfléchit – si on y réfléchit vraiment ! –, on comprendra que ces désirs sont une forme d’esclavage. Parce que plus on désire, plus on se crée de limitations. On désire une chose au point de ne plus penser à autre chose, on ne fait rien d’autre, on devient esclave de ce désir.
On peut, quand vient l’âge adulte, l’âge mûr, commencer à voir tout cela et se mettre à rire des désirs que l’on a, à rire des désirs que l’on a eus, à rire en voyant que ces désirs ne servent à rien, qu’ils sont éphémères comme tout le reste qu’est la vie. Y compris le désir ultime, celui que tout le monde a, le désir de longévité.

Tiziano Terzani. Le grand voyage de la vie. Points. 2010