Godel. L’expérience libératrice
Le système nerveux lance, du centre à la périphérie, un réseau d’arborisations aux rameaux entrelacés. De multiples fonctions psychiques courent au long de ses filets. A travers le champ de conscience se déverse un torrent de formes et de couleurs, d’émotions, d’impulsions instinctives.
On croirait que le principe unitaire d’intégration est condamné à disparaitre sous ce flux diversifié du cosmos en devenir. Il n’en est rien.
L’unité, immuablement, demeure instaurée sous les apparences, et ses sollicitations la révèlent.
Le biologiste lui rend hommage sous le nom de sagesse du corps, l’homéostase. Au psychologue éclairé elle se manifeste comme une aspiration à la transcendance — nostalgie d’absolu. Elle réside au tréfonds de tout homme. Mais la plupart ignorent, ou méconnaissent, sa présence active, et parmi ceux qui la devinent obscurément, beaucoup croient devoir la chercher dans les abîmes de l’inconscient. Par une curieuse anomalie du langage, le principe même de la conscience est ainsi reporté dans les ténèbres de l’inconscience. Étrange renversement des valeurs !
Roger Godel. Essai sur l’expérience libératrice. Almora. 2008
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