Herrigel. L’arc et la flèche
Nous autres, maîtres de l’arc, nous disons : Un coup, une vie. Vous ne pouvez encore comprendre ce que cela veut dire, mais peut-être tirerez-vous profit d’une autre image qui traduit la même expérience. Nous disons aussi : d’une extrémité de son arc, l’archer perce le ciel ; à l’autre bout, fixée à un fil de soi, est la terre. Si l’on déclenche le coup d’une violente secousse, on est exposé au danger de voir le fil se rompre. Et la faille est définitive pour celui qui est animé d’un dessein précis et qui emploie la violence ; l’homme reste entre ciel et terre dans cette position intermédiaire qui n’offre pas de salut. »
– « Que dois-je donc faire ? Demandai-je très perplexe. Apprendre à bien attendre ! Comment apprend-on ? »
– « Libérez-vous de vous-même, laissez derrière vous tout ce que vous êtes, tout ce que vous avez, de sorte que de vous il ne reste plus rien, que la tension sans aucun but. »
– « Donc, il faut qu’intentionnellement je me dépouille de toute intention ? »
– « Jamais aucun élève ne m’a encore posé pareille question, de sorte que je ne sais pas la réponse qui convient. »
– « Je fis remarquer au maître que j’étais dans ma quatrième années d’études. »
– « Il est impossible de mesurer le chemin qui conduit au but. Si vous avez vraiment dépouillé votre moi, vous pourrez interrompre à tout moment. Entraînez-vous donc à cela. »
Et ainsi, on recommença tout depuis le début.
Herrigel. Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc. Dervy. 1998
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