Traherne. Mon esprit

J’étais ma vie toute simple, toute nue.
Cet acte si fortement brillait,
Sur la terre, la mer, et le ciel,
Qu’il était la substance de l’esprit.
J’étais le sens lui-même.
Je ne sentais ni impuretés ni matière dans mon âme,
Ni bords, ni limites, comme nous en voyons
Dans un vase ; mon essence était capacité.
Cela sentait toutes choses.
La pensée qui jaillit
De là est son moi lui-même ; cela n’a pas d’autres ailes,
Pour s’épandre dehors, ni d’yeux pour voir,
Ni de paires de mains pour toucher,
Ni de genoux pour s’agenouiller.
Mais étant simple comme la divinité,
Dans son propre centre, est une sphère,
Non limitée, mais présente partout.

Thomas Traherne