Perls. L’homme moderne
L’homme moderne manque de vitalité, d’audace et d’imagination. Il pourrait se cultiver, s’enrichir, s’amuser, se perfectionner, mais il tourne en rond sans savoir ce qu’il veut. Il s’ennuie et ne s’intéresse plus à ce qu’il fait, son énergie décline, son enthousiasme s’éteint. Il ne souffre pas vraiment, mais il est engourdi, morose, inquiet, insatisfait. Il se sclérose ou devient irritable. Il croit que jouer, grandir, apprendre sont des activités réservées aux enfants, et qu’à quarante ans, on est déjà trop vieux pour cela.
Pourtant, la vie est passionnante et les occasions de se réjouir ne manquent pas ! Où sont passées sa fantaisie, sa spontanéité, sa simplicité, sa sensibilité ? Il se noie dans un océan de mots quand il parle de ses problèmes et ne fait rien pour les résoudre. Sa vie se réduit à des jeux intellectuels et à un verbiage stérile. Au lieu de jouir de la vie et de saisir la réalité à bras-le-corps, il cherche dans la psychiatrie ou dans une pseudo-psychiatrie la raison de son mal-être. Il tente de retrouver son passé et se projette dans le futur, mais il considère son activité présente comme une corvée ennuyeuse dont il doit se débarrasser au plus vite. Parfois même, il perd conscience des actes qu’il est en train d’accomplir. (…)
Mais la psychiatrie et la psychologie n’ont jamais été inventées pour justifier un comportement névrotique, comme s’il était normal de vivre en dessous de ses capacités réelles ! Bien sûr, il est légitime que la science tente d’expliquer pourquoi et comment nous avons telle réaction dans telle situation ; mais son véritable objectif est de nous aider à parvenir à l’accomplissement, la connaissance de soi, l’indépendance et l’autonomie.
Fritz Perls. Manuel de Gestalt-therapie. ESF. 2020
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