Desjardins. Un piège sur la voie

Donc, la pensée est un fonctionnement de la tête, générateur d’émotions, et ensuite l’émotion oriente nos pensées dans une certaine direction : si vous éprouvez une émotion négative envers quelqu’un, cette émotion ne va pas susciter des pensées de bienveillance à l’égard de cette personne dont vous ne verrez plus au contraire que les défauts. L’émotion suscite les pensées, les pensées excitent l’émotion, c’est un cercle vicieux. Mais ce n’est pas l’émotion qui vient en premier, c’est le processus de pensée. Le mental intervient, il intervient avant tout pour proposer autre chose que ce qui est. C’est et moi je pense que ça ne devrait pas être. [ ]

Donc une des formes du processus de pensée sur lequel je suis souvent revenu, c’est ce que nous appelons la création d’un « second » par le mental qui surimpose quelque chose de son cru sur ce qui est, réfère ensuite ce qui est à cette autre chose, et dans ce processus de création d’un deuxième apparaît l’émotion.

Arnaud Desjardins. La voie et ses pièges. La Table Ronde. 1992