Je vous souhaite à tous d’être dans votre corps mortel ! Une éducation plusieurs fois séculaires a tenté de vous en séparer pour atteindre notre « Esprit ». C’est faire injure à la perfection de la création, que de refuser notre support en dévalorisant le Corps.
S’il est un état vers lequel nous avons le droit de soupirer, ce n’est pas en refusant la voie qui en ouvre l’accès que nous avons des chances d’y parvenir ?
Cette voie est celle de l’Incarnation. L’Incarnation dans la chair présuppose que celle-ci s’ouvre à la descente de l’Esprit.
Nous avons, pendant des siècles, été immergés dans un faux dégoût de la chair que l’on servait cependant en sanglotant de contritions vénérables. Il était de bon ton de se déclarer n’être « qu’un pauvre pêcheur », ce qui abritait notre tartufferie derrière un paravent d’impuissance.
Puisque l’on était « que » cela, comment exiger autre chose de notre comportement quotidien qu’une suite de « transgressions » ; qu’on noyait ensuite dans l’eau bénite ? Et tout allait tant bien que mal.
Nous ne pouvons plus tricher de la sorte, notre corps et ses puissances gémissent pour s’ouvrir à l’Esprit, et transcender doucement les étapes de la connaissance et de la joie.
Il y avait deux voies pour y parvenir : l’une, l’Initiation (toujours gardée secrète et conditionnelle par les hiérarchies) ; l’autre, la Contemplation, et ses trajets mystiques. Oserais-je en présenter une troisième ?
Si un jour vous lisez ces lignes, vous sentirez que j’y ai mis une présence qui seule a valeur pour ce que j’ai à faire passer. Ma présence à vous-mêmes est la même présence que j’ai à moi-même, en découvrant en moi des phénomènes dont la répétition m’obligeait à en chercher l’explication.
Cette voie de recherche est celle pour lequel il nous est dit :
« Cherchez, vous trouverez. »
« Frappez, on vous ouvrira. »
«Demandez, et vous recevrez. »

La sagesse du monde est un flot de mesure que contiennent des immuables ! Si « Sésame » était, comme le conte arabe nous le dit, la vibration-clé pour l’ouverture de la grotte aux trésors, notre clé pour la Connaissance est d’abord, la Foi. Foi sans l’Homme, dont la perfection immense est la motivation de notre course au trésor, puis l’Espérance dans la découverte des moyens que nous trouverons pour y accéder. Et enfin, l’Amour. Cet Amour qui fait monter la vie de communes racines, et qui nous seulement réunit l’Homme aux Hommes, mais l’Homme au Cosmos.
Comme une « présence au foyer » que nous pouvons éprouver en entrant dans notre maison, notre présence rejoint l’Universel dans lequel elle baigne par une amoureuse union aux ciels, aux climats, aux végétaux et aux animaux vivants sur cette terre dont nos pieds pompent la vie frémissante.

Marie-Louise Aucher. En corps chanté. Hommes et Groupes. 2004