Baudouin. Le sourire d’un enfant
Toutes ces paroles m’avaient, chacune à son tour, un instant éclairé, car elles étaient vraies. Je les sens maintenant plus vraies encore, mais vraies chacune en un certain climat. Je pourrais ici répéter ce que mon frère, l’ermite de la Chute, disait avec bonhomie : « C’est une question d’atmosphère. » Or il me semble qu’aujourd’hui, je viens d’accéder à un autre climat tout de sérénité. Comme si j’avais été porté par l’Enfant que je croyais porter. Et déposer par lui quelque part, au-dessus du tourbillon des mondes, au-dessus de la danse de ce soleil aux rayons tournoyant, en un point où se déchirerait le Voile de la Danse, et d’où je dominerais tous ces autres climats et les ordonnerais entre eux d’un seul regard. Car tout est vrai et tout aura servi, à son niveau, à sa place. Mais d’ici, le tourbillon apaisé, le voile tombé, c’est une vérité tranquille qui apparaît, inexprimable en paroles. Cependant, comme l’homme est incurablement bavard et que le solitaire lui-même, voué à la méditation, n’est qu’un bavard au-dedans, une parole essaie de se former maintenant en moi au-dessus de toutes les autres paroles et d’émerger à mes lèvres, et cette parole serait celle-ci :
Le sens du monde est le sourire d’un Enfant.
Charles Baudouin. Christophe le passeur. Le courrier du livre. 1987
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