Haïkus et courts poèmes 3

Devant l’éclair
Sublime est celui
Qui ne sait rien

         Bashô

 

Je dormais
et je rêvais.
La vie n’était que joie.
Je m’éveillai
et je vis
que la vie était service.
Je servis et je compris
que le service
était la joie.

          Tagore

 

Ils fondent et s’absorbent et se mêlent –
la cire dans le feu
et la glace dans le fleuve ;
les larmes dans mes yeux
et la chair elle-même dans le fleuve de vie !
Cette béatitude ineffable est le don
de mon Seigneur !

          Basava. Moyen Age indien

 

Un pan de nuages blanc flotte vers le lointain ;
Sur les verts sycomores, que de mélancolie !
Quel voyageur de nuit en sa barque précaire ?
Quel logis sous la lune où l’on songe à l’absent ?

         Zhang Ruoxu. 600 – après 720

 

Il n’y a pas d’arbre de l’éveil,
Ni cadre de miroir brillant.
Puisque au fond tout est vide,
Où pourrait s’attacher la poussière ?

         Houei-Neng. VIIème siècle

 

Rentre en toi
au lieu où il n’y a rien
et prends garde que rien n’y vienne.
Pénètre au-dedans de toi
jusqu’au lieu où nulle pensée n’est plus,
et prends garde que nulle pensée ne s’y lève !
Là où rien n’est,
Le Plein.

         Gnânânanda