Sagesse de Suso

  • Satisfait simplement à la vérité et, quoi qu’il arrive, ne te sois pas à toi-même complaisant. Car celui qui s’aide trop lui-même, la vérité ne l’aide pas.
  • Qu’est-ce que l’exercice d’un homme bien abandonné ? C’est de se défaire.
  • Un homme qui ne pourrait saisir les choses, qu’il soit sans souci, alors les choses le saisiront.
  • Demeure en toi-même. La cause d’autres choses se présente comme une nécessité ; mais elle est une complaisance.
  • Aie soin que la nature opère ses œuvres de son propre fond, sans cause.
  • Aie ta demeure solidement en toi-même jusqu’à ce que tu sois porté hors de toi-même sans toi-même.
  • Dieu et le diable sont dans l’homme. Celui qui veut se diriger lui-même ou qui veut s’abandonner lui-même trouve la différence.
  • Celui à qui le dedans apparaît dans le dehors, le dedans lui devient plus intérieur que celui à qui le dedans apparaît dans le dedans.
  • Celui qui veut que toutes choses soient siennes doit à soi-même et à toute chose devenir rien.
  • La bonne opinion empêche souvent la vraie union.
  • Vouloir être libre d’un juste lien est la liberté la plus dangereuse qu’on puisse avoir.
  • Quand un homme veut par un retour en soi se disposer à la vérité, lui apparaît alors combien il se départ de soi-même ; et il observe qu’est encore en lui la créature qui a reçu congé. Il souffre d’être lui-même et il observe qu’il n’est pas encore désœuvré. Souffrir ainsi, c’est à présent devenir simple. Le départ engendre une fatigue : dans le retournement, elle cesse.
  • Quel est le plus petit obstacle ? Une pensée. Quel est le plus grand ? L’âme qui reste en possession de sa propre volonté.
  • Un homme abandonné ne doit pas être sans cesse à regarder de quoi il a besoin. Il doit regarder de quoi il peut se passer.
  • La vie naturelle se manifeste dans la mobilité et la sensualité. Celui qui s’y abandonne lui-même et se défait, celui-là dans la quiétude commence la vie surnaturelle.
  • Un homme abandonné demeure insoucieux de lui-même comme s’il ne savait rien de lui-même. Car pour cela même que Dieu l’habite, toutes choses sont en lui magnifiquement ordonnées.
  • Un retour abandonné est souvent plus aimé de Dieu qu’une confortable persévérance.
  • Persévère avec courage et ne te laisse jamais satisfaire jusqu’à ce que tu conquières dans le temps le maintenant présent de l’éternité pour autant que cela est possible à la faiblesse humaine.

Henri Suso. Le plus haut abandon. Arfuyen. 1991