Ruysbroeck. Une vie de contemplation

Le plus haut et le plus noble degré que l’homme puisse vivre dans le temps et l’éternité s’atteint lorsque, au-dessus de tout savoir et de toute connaissance nous découvrons en nous un non-savoir sans fond ; lorsqu’au-dessus de tout nom que nous donnons à Dieu ou aux créatures, nous mourons et traversons toute limite jusqu’à l’éternel qu’on ne peut nommer, où nous nous perdons ; lorsqu’au-delà de toute action et de toute vertu, nous découvrons et contemplons en nous une vacance éternelle où nul ne peut agir ; lorsqu’au-dessus de tous les esprits bienheureux une béatitude sans fond dans laquelle tous nous sommes un et cet un même qui est la béatitude elle-même en son essence ; lorsque nous contemplons tous les esprits bienheureux essentiellement abîmés, écoulés et perdus au-delà de leur essence, en suressence, dans une ténèbre sans mode et inconnue.

Ruysbroeck. Les sept degrés de l’échelle d’amour spirituel. Artège. 2015