Brunton Paul. Réponse de Ramana Maharshi

« Maître, je me suis consacré à l’étude de la philosophie et de la science occidentale, je me suis mêlé aux foules de nos grandes villes, j’ai participé à leur labeur, j’ai goûté leurs plaisirs et me suis laissé séduire par leurs ambitions. Rien de tout cela ne m’a détourné de la solitude nécessaire à la méditation. J’ai interrogé les Sages de l’Occident ; maintenant c’est vers l’Orient que je tourne mon visage et je lui dis : « J’ai besoin de plus de lumière. »
Je poursuis :
« J’ai écouté bien des opinions, j’ai prêté l’oreille à maintes théories. On m’a fourni la preuve rationnelle de la vérité d’une croyance, puis d’une autre : mon cabinet de travail en est encombré. Je suis saturé d’arguments livresques, seule l’expérience personnelle peut encore me convaincre. Pardonnez-moi de l’avouer : je n’ai pas ce qu’on appelle l’esprit religieux. Y a-t-il autre chose que la vie corporelle ? Si oui, comment puis-je m’en assurer par moi-même ? »
Maintenant que ma langue est déliée, je ne m’arrête pas en si bon chemin :
« Nos savants, les Sages de l’Occident, tout comblés d’honneurs qu’ils sont, ont dû avouer qu’ils ne possédaient aucune lumière sur les problèmes de l’au-delà. On m’a dit qu’il y a des hommes en ce pays qui peuvent répondre là où la science de l’Occident est obligée de s’avouer impuissante. Est-ce exact ? Pouvez-vous m’aider à aller vers la lumière ? Ou n’est-ce encore qu’un mirage ? »

Le Maharshi continue à me regarder et je l’entends me dire d’une voix très douce :
« Vous dites « je ». « Je » veux savoir. Dites-moi, qu’et-ce que ce « Je » ? Apprenez donc à connaître ce « Je » et vous connaîtrez la vérité. »

Paul Brunton. L’Inde secrète. Payot. 1953